CONTROLE TECHNIQUE DES AUTOROUTES DE FRANCE (au 1/3/01)

AUTOROUTES A PEAGE (env. 7400 km)

Les autoroutes à péage disposent en général de personnels efficaces et de nombreux équipements annexes en parfais état. Quand les chaussées ne sont pas neuves, elles sont correctes la plupart du temps. Les chaussées sont refaites en moyenne tous les dix ans et la signalisation horizontale tous les deux ans. Les glissières de sécurité sont remplacées dès qu'il le faut. Les innovations en matière de sécurité sont nombreuses. Par ailleurs, les patrouilleurs assurent un balisage et un entretien courant de très bonne qualité. En bref, les points critiques sont rares :

Conception** > A8 (Escota) Les Adrets et Nice- Virages dangereux limités à 70km/h. L'amélioration de cette autoroute des pionniers est rendue difficile par des conditions géographiques complexes. Mise en place d'un radar permanent dans un blockhaus avant l'un des virages, près de Cannes. Au delà, cette autoroute devient de plus en plus inadaptée au volume du trafic dans sa partie la plus proche de la côte maritime, l'A8bis devient donc urgente.

Entretien* > A40 (Atmb) Tunnel du Vuache- Chaussée déformée. Signalisation horizontale en bordures à revoir. Cependant, une bonne initiative avec la mise en place d'un marquage au sol spécifique pour le respect des distances de sécurité.

Conception* > A40 (Saprr) St-Martin du Frêne- Peu avant St-Martin du Frêne et en direction de Genève, on trouve un virage dangereux et en descente. On aurait pu espérer mieux compte tenu du reste du tracé fort bien réalisé. Cependant la signalisation est parfaite, limitant ainsi les risques au mieux. Quelques pentes fortes aussi, mais aux risques limités et avec l'aménagement de lits d'arrêt.

Conception* > A4 (Sanef) Quelques pentes très fortes. Signalisation adéquate.

Conception* > A71 (Asf) Quelques pentes très fortes. Equipements préventifs adéquats.

AUTOROUTES D'ETAT (env. 3500 km)

Les autoroutes d'Etat comportent de nombreuses négligences dans l'entretien. Les glissières de sécurité accidentées sont peu remplacées. La qualité des chaussées est très inégale. Les objets perdus stationnent parfois bien longtemps sur les bordures de chaussées. Les ouvrages d'art sont réparés souvent dans l'urgence. Les instructions techniques (ICTAAL) font l'objet de nombreuses dérogations à la construction, ou lors de mises aux normes autoroutières de routes nationales - à lier à l'ICTAAL L2 pour ceux qui connaissent. "Faites ce que je vous dis, ne faites pas ce que je fais" : telle semble être la devise de l'Etat :

Entretien*** > A1 - Chaussée dans un très mauvais état à Roissy. Une reprise de la chaussée s'impose.

Entretien*** > A6 - Nombreuses portions de chaussée dans un état lamentable d'Antony à la jonction avec la section à péage. Les travaux sont urgents depuis plusieurs années.

Conception*** > A7 à Lyon - Virage piégeux et dangereux à 90° après un souterrain à Perrache. Modification quasi-impossible compte tenu de la géographie du lieu. Présence de déchets en quasi-permanence dans ce virage, signalisation insuffisante. Même chose un peu plus loin en direction du sud.

A7 Lyon Perrache, Virage Dangereux (P.Piérart - Reproduction interdite)

Conception*** > A10 - Virage de Palaiseau à 90°, nombreux accidents. Signalisation insuffisante.

Conception*** > A13 - Virage en dévers et en descente (> la totale !) à la sortie du tunnel de St-Cloud, jonction entre tunnel et viaduc très mal étudiée. Nombreux accidents causés par le virage mais aussi par le ralentissement de la circulation en aval. Aussi, de trop nombreux rétrécissements sur le reste de l'A13 entre Paris et Orgeval.

Conception*** > A25 - virages à 90° à Lille.

Conception*** > A75 - Enchaînement de virages au nord d'Issoire. Inadmissible sur autoroute. Vitesse limitée par zones et nombreux accidents. Signalisation insuffisante, la vitesse de 110 Km/h est à suivre impérativement.

Conception*** > A75 - Enchaînement de virages en "zig et zag" au nord du Pas de l'Escalette. Inadmissible sur autoroute. Attention, personnes sensibles au mal de mer, s'abstenir !

Conception*** > A75 - Seule autoroute de France à posséder autant de pentes autoroutières avec un tel niveau de dangerosité, ceci lié aux virages serrées à Coudes, à Massiac, à St Poncy, au col de la Fageole. A Chirac ont a le droit à une pente rectiligne. Le record toutes catégories pour une autoroute européenne étant affiché avec fierté au Col des Issartets (1121m) ! Les volcans d’Auvergne valent bien un détour par leur sommet ! Dans la plupart des cas, dans un sens il faut espérer avoir beaucoup de chevaux sous le capot, dans l'autre de bons freins. Une chance que le réseau alpin soit à péages, l'Etat nous aurait bien fait passer par le sommet du Mt-Blanc pour aller en Italie !! Ainsi, pas de problème de sécurité en tunnel !!! Trêve de plaisanterie pour dire que de nombreux ouvrages peuvent quand même faire la fierté de notre ministère de l'Equipement et des Transports. En bref, le parcours de Clermont-Fd à Béziers est malheureusement très inégal.

Conception*** > A86 - La plupart des virages sont construits à l'envers, en dévers. Cela a été fait exprès pour faire réduire la vitesse, quand les britanniques exemplaires en sécurité routière relèvent les virages systématiquement. Ainsi l'ouvrage n'impose pas la vitesse, mais la vitesse voulue impose la géométrie de l'ouvrage. Une imbécillité qui piège les conducteurs et entraîne donc de nombreux accidents. Si pour la chaussée courante des modifications peuvent être apportées, cela devient plus critique pour les ouvrages d'art.

Conception*** > A86 - Virages dangereux à 90° à Antony, à Thiais, à Créteil, à Rosny et sur la bretelle A86/A1. Nombreux accidents. Signalisation insuffisante.

A86<>A1, virages dangereux (C.Lévêque - Reproduction interdite)

Conception*** > A480 à Grenoble - Largeur de chaussée insuffisante.

A480 à Grenoble, autoroute à géométrie variable (D.Paquier - Reproduction interdite)

Entretien** > A13 - Nombreuses portions de glissières en très mauvais état.

Entretien** > A25 - Chaussée en mauvais état.

Conception** > A31 - Virages dangereux à Thionville et au nord de Nancy.

Conception** > A47 - virage dangereux vers St Chamond.

Conception** > A72 - virages dangereux dans la traversée de St-Etienne.

Conception** > A75 - Absence totale de possibilité de s’arrêter hors de la chaussée en cas d'urgence (bande d’arrêt d’urgence ou refuges) sur quelques kilomètres au nord du col de la Fageole, sans raison valable (ouvrages d’art, voie véhicule lent). Le reste du parcours possède de nombreuses bande d’arrêt d’urgence à la largeur insuffisante, en particulier dans les virages d'Issoire (danger immédiat pour celui qui est contraint de s’arrêter).

Conception** > A86 - Largeur insuffisante sur un pont à Colombes.

Entretien* > A47 entre Lyon et St Etienne - Revoir les glissières de sécurité.

Quelques travaux spécifiques récents sur le réseau à péage (avec niveau de danger avant travaux)

A2 (Sanef) Cambrai*- 2000 : Réfection de la chaussée.

A26 (Sanef) - 2000 : Travaux importants sur ouvrages d'art.

A51 (Escota) -  Réfection en cours d'un ouvrage d'art à St-Paul lès Durance.

Quelques travaux spécifiques récents sur le réseau d'Etat (avec niveau de danger avant travaux)

A1 St Denis - couverture de l'autoroute. Ainsi, c'est la fin des inondations courantes de la chaussée et des nuisances sonores pour les riverains.

A6b Gentilly*** - janvier 2001 : Démontage de la couverture de l'autoroute qui menaçait de s'effondrer faute d'entretien. On note quelques morceaux tombés du plafond de l'A6b depuis 1993 et récupérés dans un filet depuis 1998, l'acier de la couverture étant victime d'une corrosion non maîtrisée. La nouvelle protection phonique ne sera pas mise en place avant 2002

A6b, Démontage d'urgence de la couverture. (C.Chauplannaz - 2001)

A13 St Cloud*** - 1996 à 1998 : Carrelage du tunnel de St-Cloud (sens Paris-Province) tombant sur les conducteurs. Reprise et équipement de la voute du tunnel pour une meilleure sécurité.

A13 - Viaduc de St-Cloud, armature en acier qui se désagrège dans le béton sous l'effet de l'érosion. Colmatage en cours depuis janvier 2001 sur certains voussoirs.

A25 Armentières - 2000 : Travaux important sur un ouvrage d'art.

A31** - 2000 : Réfection du viaduc de Richemont.

A63*** - 2000 à 2002 : Mise aux normes autoroutières de la N10 dans les Landes. En attendant la fin des travaux, il faut rester particulièrement prudent.

A86 Antony*** - 2000 / 2001 : Mise aux normes autoroutières de l'A86 (!!!) au niveau du tunnel de la Croix de Berny. La largeur et la hauteur du souterrain permettent désormais à tous les véhicules de passer sans se frotter aux parois du tunnel. Mais les travaux n'étant pas encore achevés à ce jour, les conducteurs doivent encore réduire leur vitesse à 50km/h pour passer un "droite/gauche". La signalisation des travaux est correcte.

A630 Bordeaux* - 2000 / 2002 : Pont d'Aquitaine, travaux d'urgence pour sauver l'ouvrage de la destruction suite à la corrosion aggravée de la suspension. Elargissement de l'ouvrage en cours.

L'entretien hivernal

vendredi 29 décembre 2000, l'A84 se referme sur les automobilistes au sud de Caen. La DDE avoue son incapacité à assurer le déneigement de la chaussée, une trop grande partie de l'effectif étant en vacances ! Pendant ce temps, l'autoroute A13 -  et à péage - est en mesure d'assurer la circulation sur une voie par sens de circulation. Les effectifs assurant la viabilité hivernale 24h/24 est mobilisée pour gérer avec succès la situation de crise. En ce qui concerne les DDE, le manque de matériel s'ajoute souvent au sous effectif et à la mauvaise organisation - en plaine seulement, car on ne peut en aucun cas faire de reproches sur ce thème aux DDE alpines ou d'autres sommets français - Mais dans les Alpes l'autoroute est à péage. Donc pour en rester au niveau autoroutier, les différences entre Etat et concessionnaire apparaissent dans de nombreux endroits autres que la Normandie, comme à Metz entre l'A4 (Sanef) et l'A31... En attendant, le plan "neige verglas" avec les DDE en Ile-de-France pourrait marquer une évolution (à vérifier le jour où la neige tombera de nouveau en région parisienne !).   

Certes, tout n'est pas toujours rose non plus du côté des sociétés autoroutières, même si la réelle difficulté se concentre au sud de Lyon sur l'A7 (Asf). Le problème est d'abord météorologique. La configuration du site fait en sorte que la hauteur de neige grimpe rapidement, empêchant tout salage préventif d'agir avec efficacité. Ensuite, les véhicules les plus lourds se retrouvent en travers de la chaussée dans les montées, au grand désespoir des responsables de la viabilité hivernale de cette autoroute. En attendant, Autoroutes du Sud de la France n'est pas restée les bras croisés. Désormais, le partenariat avec Météo-France pour déterminer avec précision l'arrivée de l'averse de neige, la meilleure surveillance de l'autoroute, la gestion plus efficace du trafic et un meilleur positionnement du matériel répondent à la crise. Il ne reste plus qu'à étendre ces dispositions pour le reste du réseau sud. Le réseau Escota (A8, A51, A52, A57), complètement bloqué le 28 février dernier par des chutes de neige exceptionnelles, ne doit pas être oublié. Peut-être faut-il maintenant réussir à établir un plan d'envergure (avec des véhicules diversifiés et équipés pour la gestion de crise) pour contourner tous les problèmes qui peuvent s'ajouter à la tombée de la neige, mais parfois la nature reste vraiment trop forte...

Pas plus de détails pour l'instant, puisqu'un thème trimestriel reviendra plus tard sur ce sujet sensible de la viabilité hivernale.

Les améliorations à attendre à l'avenir

- Diminuer les obstacles latéraux constitués essentiellement sur autoroute par les piliers des passages supérieurs. Ainsi on se souvient de deux graves accidents mortels : L'un aux alentours de Chartres sur A11 avec un poids lourd démolissant un pont après que le chauffeur se soit endormi. Le second sur l'A7 avec un autocar tranché en deux par la pile d'un pont. Des efforts sont faits par les sociétés d'autoroutes et doivent l'être encore pour améliorer la sécurité aux abords des piliers de ponts courants.

- Eliminer progressivement les rétrécissements en passant systématiquement les autoroutes à deux fois trois ou quatre voies sur l'ensemble d'un parcours. De nombreux travaux sur les autoroutes à péage sont en cours- l'effort doit se poursuivre.

- Augmenter la distance de certaines voies d'accélération et décélération.

- Eclairer systématiquement la chaussée au niveau des échangeurs et des voies d'accès aux aires de service. Par ailleurs l'éclairage n'est pas spécialement recommandé sur les autres parties de l'autoroute.

- Equiper de glissières "à motards" en priorité l'ensemble des zones les plus dangereuses (Echangeurs et courbes serrées en premier lieu) et les plus fréquentées.

- Supprimer les "échangeurs baïonnettes". Ces enchainements d'échangeurs sont nécessaires quand il faut emprunter pour un temps court une autre autoroute pour poursuivre son parcours. Ils entraînent, en dehors des embouteillages, des risques importants d'accident entre les véhicules qui se croisent.

- Améliorer si possible à l'avenir les caractéristiques géométriques des échangeurs, trop souvent piégeux.

- Améliorer, dans la mesure du possible, les points critiques cités plus haut.

Ces autoroutes qui nous manquent

Contrôler les autoroutes existantes, c'est aussi réfléchir à l'avenir de l'autoroute. Un avenir souvent peu encourageant pour les projets autoroutiers. Et on a oublié au passage que l'autoroute est une réponse à des parcours aujourd'hui très dangereux.

L'Etat n'a, d'après la Cour des Comptes (et à vue d'oeil pour beaucoup d'entre nous), plus les moyens d'assurer l'entretien de son réseau correctement - après avoir fait beaucoup de constructions neuves et transféré une partie du budget de la route vers les transports collectifs. A partir de là, quand on calcule le nombre de morts sur le réseau secondaire, on se demande pourquoi l'Etat investit dans des ouvrages qui devraient être des autoroutes concédées (A75 ou encore A84).

Même le Plan Routier Breton aurait sans doute mérité d'être essentiellement un réseau autoroutier à péage. Politiquement incorrect ? >Oui, mais... quand les départements de l'est de la France investissent dans l'aménagement hydraulique pour maîtriser les cours d'eau, la Bretagne investit beaucoup de ses deniers publics dans un réseau quasi autoroutier pendant qu'un grand nombre de bretons sont les victimes périodiques des inondations. Le budget de l'Etat est avant tout une affaire de priorités, à mon sens malheureusement pas toujours bien ordonnées.

Aussi on peut s'étonner légitimement de l'annulation des autoroutes A89 (Lyon-Balbigny) et A51 (Hautes-Alpes) pour des aménagements de nationales, sans prévision de budget d'ailleurs, à l'heure où on aménage la très dangereuse N10 en autoroute dans les Landes. Mais pourquoi défendre particulièrement ces autoroutes ? :

- A89 entre Lyon et Balbigny, section majeure sur l'axe Lyon-Bordeaux (A89). L'autre morceau annulé, avec un aménagement de remplacement peu pratique par le nord, étant le contournement de Clermont-Ferrand. En dehors de ces deux sections, l'autoroute A89 est actuellement soit achevée (Modification de l'A72 en A89 et section A89 du côté d'Ussel), soit en construction. Souvent critiquée pour son caractère transversal (synonyme de secondaire aux yeux de certains), appelée parfois autoroute des "Présidents" étant donné son contexte géographique lié aux origines de certains de nos politiques les plus influents - sur le choix autoroutier semble-t-il pour certains journalistes, l'A89 est pourtant dans son ensemble d'une utilité irréversible. Elle est la seule capable d'épauler une nationale aux nombreux accidents mortels : La N79 sur l'axe de la RCEA (Route Centre Europe Atlantique). Une RCEA devant recevoir des aménagements à la mesure des évolutions des budgets annuels, autant dire que cet axe en nationales à 2x2 voies n'est pas pour demain ! L'A89, au delà de Lyon et de Bordeaux, permet aussi de relier le Portugal et la moitié ouest de l'Espagne au reste de l'Europe.

- La A51 dans les Hautes-Alpes, annulée pour le plus grand plaisir de Dominique Voynet, est le maillon manquant de l'axe Grenoble-Marseille. Un complément à la A51, moins connu, devait relier Sisteron à Cannes. Plus connu par contre, la continuité au nord de Grenoble avec le lien entre la A48 et la A42 à l'est de Lyon, un projet aussi au point mort. Cet ensemble d'autoroutes (A39, A42, A48, A51) allant de Dijon à Marseille (voire même à Cannes), étant destiné à désengorger la vallée Saône/Rhône (A6 et A7).

Ces autoroutes perdues dans le temps : A40 Le Fayet - Chamonix, avec doublement du tunnel du Mt-Blanc. On peut souhaiter au passage le doublement du tunnel du Fréjus. Une autre autoroute particulièrement urgente - la A8bis. Pourquoi défendre cette autoroute ? :

- La A8bis, projet fort contesté sur une Côte d'Azur très privilégiée et qui s'investit donc beaucoup dans l'opposition à l'autoroute, est d'une utilité devenue incontestable. On retrouve dans le lien A8/A8bis de nombreux éléments liés à la catastrophe du tunnel du Mt-Blanc : Un projet de doublement des ouvrages actuels, une circulation en voie de saturation, des tunnels, des opposants liés à un Etat qui se défile devant ses responsabilités. Escota, une société d'autoroutes assez inquiète de la situation, au point de se couvrir sous l'autorité préfectorale décidant il y a peu de faire diminuer et respecter la vitesse prescrite.