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EN BALADE (aout 2001)

Tour de France  : Carnet d'autoroute

Cette nouvelle rubrique retracera un élément marquant rencontré réellement au cours du mois écoulé, et permettra donc de découvrir les ouvrages d'art ou autres sur un parcours ou un lieu précis. Pour cette première, Info-autoroute.com a fait un tour de France (malheureusement encore incomplet !). Le premier objectif était de recueillir des photos marquantes du réseau pour le site, et en premier lieu des ouvrages d'art. Les photos des ouvrages d'art permettront dans l'avenir de créer sur le site une rubrique spécifique. En attendant voici retracée l'aventure de ce Tour de France hors du commun !

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Dimanche 29 juillet, le moment venu de mettre en oeuvre un projet vieux d'environ six mois. A 9h c'est le départ pour la France des autoroutes. Le premier ouvrage visité sera le viaduc de l'Yonne sur A19. L'A6 retrouvée, il faudra tout de même sortir à Pouilly en Auxois pour rejoindre le viaduc de Pont d'Ouche. Le ton de mon aventure était donné, de l'autoroute mais surtout de la petite route sinueuse pour rejoindre les viaducs. Et puis si l'autoroute permet d'admirer le paysage, le paysage permet d'admirer au mieux l'autoroute ! La journée s'achève à Lyon. Mes amitiés à Pascal.

Lundi 30 juillet, les choses sérieuses commencent. La brume au bout de l'A42 me fait craindre le pire, mais à Poncin tout va bien. Les viaducs d'A40 s'offrent merveilleusement à l'objectif de l'appareil photo. Les petites routes me mènent soit au pied du viaduc, soit au dessus. A la vue des caméras surplombant la A40, je me suis imaginé les opérateurs du PC de St Martin du Fresne en train de suivre par épisode mon aventure. Trêve à Bellegarde ou je reprends le grand ruban. Après un déjeuner improvisé sur l'Aire de Valleiry, me voilà sur la route d'Annecy où les travaux du nouveau tronçon d'A41 sont encore bien timides. L'étape du jour me mène à Chambéry, après avoir raté deux viaducs sur A41 que j'ai franchi à 130 km/h.

La fidèle 405 à Nantua ! 405.jpg (76855 octets) (C.Chauplannaz)

Mardi 31 juillet, comme depuis le départ je refais le plein de l'auto, après un "ptit'dej" bien mérité à l'hôtel ! Le soleil est toujours avec moi, pour m'éclairer au mieux l'autoroute. Les viaducs s'additionnent en vallée de la Maurienne, mais ils sont moins impressionnants que dans l'Ain. Quelques entrées de tunnels pris en photo au passage, et me voilà bientôt à l'assaut du col du Télégraphe. Juste le temps auparavant de prendre en photo la gare de péage de St Michel de Maurienne coincée entre les rochers. Pique nique à la fraîche au sommet du Galibier, un régal d'être près de la neige quand dans la vallée on doit supporter des températures supérieures à 30°c. Quelques vaches sur la route avant le Col du Lautaret. Ensuite c'est le "Salaire de la peur" sur la N91, surtout pour les camions qui empruntent des tunnels étroits et faiblement éclairés. Arrivé à Grenoble, ville de mon étape où l'atmosphère réclame le 70km/h sur autoroute, j'ai encore le temps de rejoindre les belles constructions de l'A51, dont l'impressionnant viaduc du Crozet.

Mercredi 1er août,  le petit courant d'air du matin grenoblois est très apprécié ! J'emprunte mes découvertes de la veille, et après avoir bouchonné derrière quelques remorques au delà de Coynelle je suis d'autant plus à 100% pour la continuité de l'autoroute A51 jusqu'à Sisteron. A Sisteron j'ai d'ailleurs fait la photo bien connue de l'A51, avec la citadelle accrochée sur l'autre rive. Ensuite, direction Nice par Digne les Bains, la fameuse Route Napoléon que je découvre alors pour la première fois. Déjeuner improvisé sous les pins à la sortie d'un virage, sur la route vers l'un des sommets de la N75. J'ai remarqué que je n'étais pas le seul à venir ici, vu les papiers gras et les bouteilles qui traînent. Pourtant le site inspire au respect... il y a quelques "coups de pied au derrière" qui se perdent (et je suis gentils) !! Après une sieste méridionale, pentes et virages s'additionnent, me laissant penser à un moment donné que je ne verrais jamais la ville de Grasse ! Mais finalement j'avais pris la bonne route (!), car j'ai fini par voir Grasse et sa prison rendue célèbre quelques jours avant mon passage. Plus que quelques bornes : J'entre sur l'A8 à Cannes, acquitte mon péage dans un panier percé au bénéfice d'Escota, puis je prends la sortie pour Villeneuve Loubet. Là j'y retrouve l'Oncle et la Tante en vacances que je remercie vivement pour l'accueil.

A51, à Sisteron a51.sisteron.jpg (86589 octets) (C.Chauplannaz)

Jeudi 2 août, Les choses sérieuses reprennent. Je m'attaque aux hauteurs de Nice sans doute peu habituées à la venue d'étrangers de mon espèce - J'arrive quand même à suivre les "06" qui prennent sans aucune hésitation les tournants avec leurs automobiles ! Le viaduc du Magnan est là, j'ai grimpé jusqu'au pont qui passe au-dessus de l'A8 pour avoir la plus belle photo du géant niçois. Un dernier regard porté sur l'ouvrage, et me voilà reparti à la recherche de quelques tunnels environnant. Là, peu de réussites à cause de l'urbanisation ! Le temps passant, je me lance sur l'A8 en direction de l'ouest. Je délaisse les paniers pour les jolies péagères ! L'A57 et ses tortues s'offrent à moi le temps du déjeuner. Quelques photos au passage, jusqu'à Toulon où les palmiers poussent sur le terre plein central - ça sent les vacances ici ! Encore des photos sur A50, avec dans le tableau la mer et les pins. Marseille : la photo du débouché Est du tunnel du Prado Carénage, avec Notre Dame de la Garde en arrière plan, s'impose. La fatigue commence à se faire sentir, et l'A55 est la bienvenue. Et d'un coup, en arrivant sur Martigues où la raffinerie de la Mède participait à la brume orageuse ambiante, j'ai vu au loin celui que j'avais oublié au cours du temps; "Mais oui, c'est le fameux Pont de Caronte" que je ne connaissais qu'en photo, et que je n'avais jamais vraiment bien situé entre Marseille et Arles. Me voilà dessus, et obligé de prendre la première sortie pour le piéger d'en bas avec mon objectif photographique. Me rapprochant, je constate que l'entretien est loin d'être irréprochable : Les béquilles (car il s'agit d'un impressionnant pont à béquilles métalliques) rouillent à la base - inadmissible sur un ouvrage de ce niveau. Il ne devrait pas y avoir le moindre point de rouille visible à plus de dix mètres de distance ! Et même s'il n'y a pas de danger immédiat, c'est pas une raison pour attendre le pire. A bon entendeur...  Avant d'arriver à mon étape à Arles, je vais encore découvrir la N568, pouvant accueillir sur son terre plein central une 2x10 voies ! Les giratoires sont là pour rappeler que ce n'est pas une autoroute.

Vendredi 3 août, le grand ruban a rendez-vous avec le grand ruban, je suis invité à passer la journée au district de Rivesaltes (A9 ASF) à l'initiative de Jean Pierre Lagros, dit Flash, patrouilleur et auteur d'un site internet consacré à son métier. C'est jour de fête ! Entre autres, j'ai eu l'occasion de rencontrer le Chef de District avec qui j'ai pu m'entretenir de viaducs, y compris de ceux de la nouvelle ligne du TGV Med. Après avoir visité quelques bureaux et salles diverses, me voilà à la salle "télécom". Ici on réceptionne les boucles de comptage, les incidents et interventions sur le réseau, les images vidéo. Le tout est relié à la Direction Régionale d'Exploitation située à Narbonne (c'est la DRE qui affiche les données sur les Panneaux à Message Variable), elle même reliée au quartier général d'ASF - le PC de Vedène. Après avoir vu les photos d'anecdotes rencontrées sur le réseau, des pionniers et des premières constructions entourées aujourd'hui par la végétation, la visite se poursuit à l'extérieur. Un nettoyeur assure l'entretien de l'aire voisine de Rivesaltes, et on constate une nouvelle fois que l'autoroute est bien plus écologique que ceux qui l'utilisent ! De retour au centre, je découvre le fonctionnement du camion de patrouille, visite l'atelier où l'on effectue l'entretien courant sur les véhicules, et le parc où est stationné le matériel pour l'entretien hivernal. Car parfois il neige à Perpignan (c'est pas une blague !). Un tour à la Gendarmerie intégrée au district, histoire de voir où arrivent les appels passés depuis les bornes oranges, et nous voilà en route pour la frontière. Les curiosités y sont nombreuses, en particulier la pyramide de Ricardo Bofill et ses marches pour géants - mais on en dira pas plus ! A proximité, les viaducs de Calcine, Pox et Rome nécessitent pour être observés de passer sur la route menant au village frontalier du Perthus. Là on se rend compte de l'évolution des viaducs dans le temps, soit sur environ trente ans, après avoir vu le vieux viaduc de Pont d'Ouche, les révolutionnaires viaducs de l'A40 de la deuxième moitié des années 80, et les dernières évolutions sur A89. Mon tour de France prend tout son sens, même s'il a d'autres attraits par ailleurs. L'évolution des techniques, des matériaux, de la qualité des bétons, et l'évolution de l'architecture en lien avec l'aménagement paysager est nettement visible au cours de mon périple. Je me suis pris un instant pour un archéologue au pied de cette bonne autoroute A9, qu'il a fallu abandonner car mon camarade patrouilleur était de service le soir venu ! Un grand merci à Flash et à ses proches pour leur dévouement sympathique lors de ma venue, sans oublier de faire un clin d'oeil respectueux à tous les personnels d'ASF que j'ai pu rencontrer. Le soleil à l'ouest, les chambres d'hôtels en ce jour de grand départ étaient au complet sur Perpignan et environs. Le choix s'orientait donc vers une nuit en voiture sur une aire de service de l'autoroute. A9 ou poursuivre vers Foix, telle est la question ? Récupérer l'A64 à St Gaudens est finalement l'objectif que je me fixe. La nuit tombée, la D117 se complique à mesure de ma progression avec ses nombreux virages qui n'apparaissaient pas au départ de manière évidente sur ma carte routière. Il fallait pourtant se résoudre à suivre le parcours, en mordant un peu les bordures faute de repos. Mais quelques automobilistes en vacances se trouvaient visiblement dans la même situation. L'union faisant la force, on a fini par ne plus se lâcher pendant une cinquantaine de kilomètres, alternant parfois nos positions en fonction du degré de récupération des uns et des autres ! Enfin un peu avant minuit, j'ai récupéré l'A64 et une aire de service à St Gaudens. De là, la position couchette du siège passager de la 405 s'est imposée, une fois les portières bouclées et les vitres entrebaîllées j'ai entamé ma nuit près d'autres véhicules échoués comme moi.

a9.pox.jpg (82676 octets)  a89.crempse.jpg (78021 octets)

20 ans d'évolutions séparent le viaduc de Pox (A9 -à gauche) de celui de la Crempse (A89 -à droite) (C.Chauplannaz)

Samedi 4 août, premières pluies depuis mon départ de Paris. L'A64 est toujours là au réveil, comme le camping-car voisin ! Direction Mont-de-Marsan en passant par Pau. Après l'embouteillage pour traverser Aire sur Adour, la forêt des Landes s'impose. Mission accomplie à l'heure du déjeuner, la voiture peut se reposer plus qu'à l'habitude. Elle l'a bien mérité après avoir perdu une baguette sous un phare, et près de 3000km effectués ! Le conducteur lui repartira par l'A63 pour les Fêtes Bayonnaises le temps d'une soirée > for-mi-dable !!!

Dimanche 5 août, Il faut récupérer de la veille ! Une pensée quand même pour la voiture avec la révision des niveaux et de la pression des pneumatiques. Mont de Marsan, ou plutôt St Pierre du Mont, se laisse apprécier. Un grand merci à ma soeur Corinne, à Philippe et aux enfants pour leur accueil...

Lundi 6 août, C'est reparti avec un temps à nouveau à la pluie. Arrivé à Bordeaux, je me lance sur le contournement autoroutier à l'ouest de la ville jusqu'au Pont d'Aquitaine que je traverse, en ayant bien regardé auparavant le panneau préconisant aux poids lourds de respecter impérativement une inter-distance de 50m ! Après avoir pris la sortie suivante et être descendu au pied du fameux pont je me rends mieux compte de l'ampleur des travaux qui nécessitent une grue sur chacune des deux piles du pont. La journée étant loin d'être finie, je découvre les ouvrages de l'A10 sur la Dordogne, puis bientôt ceux de l'A89 autour de Libourne. Une A89 ouverte mais encore en travaux. Des aménagements paysagers ici, une aire de service en construction là... et on est déjà au bout ! Un détour au viaduc de la Crempse et je progresse à nouveau vers l'est sur la N89. Un chantier de terrassement au passage, et j'arrive bientôt à Tulle. Là il a fallu trouver la D23, pas évident dans cette vile complexe coincée au fond d'une vallée étroite. Je trouve finalement la départementale ! Pendant que j'ai un "75" devant, je croise un "91" et un "77". Cette petite route de montagne où on se croise à peine à deux voitures cache-t-elle un camping ? Non,  ils sont venus comme moi découvrir et ramener des souvenirs du viaduc de Pays de Tulle - étonnant ! La pluie n'a pas découragé les visiteurs. Ma tenue fluorescente les questionne, et me voilà en train de leur raconter la raison de ma venue, ainsi que mes connaissances sur l'ouvrage en construction. Un petit tour dans la montagne pour trouver plus loin le viaduc du Chadon. Difficile à cadrer avec les arbres et le brouillard ! Me voilà au final contraint de faire du tout terrain en m'incrustant sur le chantier. Sans chef trop regardant à proximité, et avec mon équipement fluorescent ça passe sans problème. Quelques ouvriers très occupés me saluent au passage. Je ne manque pas de leur répondre. Le tablier en acier du Chadon signale la fin de mon périple autour de la France. La décision est prise, Chavanon et Barricade attendront, je décide de rentrer sur Paris par l'A20 que je récupère en prenant la direction de Limoges. Le Tour de France est terminé après 3500km parcourus.

Cyril Chauplannaz

>   "A la mémoire de Carol Dunlop et julio Cortazar, autonautes de la cosmoroute"